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Et, ma sexualité dans tout çà?

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Et, ma sexualité dans tout çà?

Introduction

Un des sujets tabous dans la société concerne la sexualité des personnes atteintes de divers handicaps qu’ils soient physiques ou intellectuels. Des handicaps qui peuvent entraver la démarche de communiquer, de créer des liens et ultimement d’entrer en relation avec une autre personne, et ce, que ce soit pour une relation momentanée ou pour une vie à deux. C’est à chaque personne d’établir ses règles d’éthique à la condition, vous en conviendrez que ce soit entre adultes consentantes et conscientes de leurs actes. Mais qu’en est-il de la vie affective, sexuelle et émotionnelle lorsque nous sommes si « différents »? Certes, je ne peux pas répondre à cette question à la place de qui que ce soit. J’ai donc décidé, après mûres réflexions, de dévoiler certaines facettes de ma sexualité. Des réflexions qui m’ont forcé à peser les « pour » et les « contre » d’une telle publication.

D’un côté, les éléments des « contre » allèrent plus dans l’optique de renforcer les tabous sociaux: crainte que l’on rie de ma situation physique? Peur de ce que l’on dira sur moi? Quelles perceptions aura-t-on des personnes handicapées physiques à la lecture d’un tel article? D’un autre côté, les éléments des « pour » allèrent à contresens des précédents: Pourquoi devrait-on se permettre de rire d’une personne qui ose parler de sa réalité, de ses expériences, de ses rêves et de ses déceptions? La vérité est la seule chose qui compte vraiment en ce monde. Pourquoi ne pas dire les choses avec les vrais mots surtout si cela peut aider les lecteurs et les lectrices de ce blogue? Je pense en particulier aux parents d’enfants handicapés et de leurs appréhensions quant à l’avenir de ces derniers au plan amoureux et sexuel? N’allez surtout pas croire que j’exagère dans mes propos. Avec mon expérience de vie, j’imagine que j’ai le droit d’en savoir un peu plus sur un tel sujet que la majorité d’entre vous. N’est-ce pas?!

Cependant, l’élément le plus important est l’affirmation qu’une de mes amies de Sept-Îles m’a fait lorsque je lui ai demandé son avis sur la question de développer ou non un tel sujet. Elle me répondit ceci: « Tu as touché le sujet un moment donné dans un de tes articles…je ne me souviens plus lequel…au fait tout ce que tu as besoin de faire est le dire tel que c’est…tu es un humain tout à fait normal avec quelques membres en moins…le fait qu’il te manque quelques membres change quoi? C’est ça la question, je crois? Je suis certaine que tu trouveras les mots justes afin que ce soit un document pédagogique… »

Quel est donc mon objectif: écrire cet article afin qu’il puisse être un document pédagogique pour toutes les personnes qui s’intéressent à la problématique de la sexualité chez les

Dire les choses comme elles le sont.

handicapés physiques. Je tiens à vous avertir que cet article brosse un tableau des réalités comme elles le sont, et ce, sans hypocrisie, ni de sensationnalisme. Cependant, je parle surtout de ma vie sexuelle et non pas de celles des autres qui vivent une situation physique plus ou moins analogue à la mienne. Nous sommes à la fois semblables et différents. Ne l’oublions pas! Je dirai donc les choses comme elles le sont et présenterai ma réalité avec franchise. Je tiens toutefois à m’excuser auprès des ceux et de celles dont mes propos peuvent choquer.

Commençons par le commencement!

Commençons par le commencement! Aussi loin que je m’en souviens, j’ai toujours aimé la gent féminine. Serait-ce leurs charmes ou quoi que ce soit d’autre? Je dirais plutôt que c’est surtout une certaine sensibilité qui accentue leurs beautés. Et quand je dis leurs beautés, je suis très sélectif. Je me permets de l’être puisque la beauté n’est point un crime même si cela ne doit pas constituer le premier facteur d’une relation amoureuse. Bien évidemment que j’avais des copines de classe et des amies de quartier avec qui, semble-t-il, je m’attendais somme toute très bien. Des amies avec qui je participais à diverses acivités, je me baladais aux centres d’achats et avec qui je jouais aux docteurs et aux malades. Qui n’a pas joué à ces jeux au cours de sa vie? Lever vos mains! J’en vois une, deux, peut-être trois qui lèvent leurs mains. Baissez-les, car je ne vous crois pas.

La crise identitaire à l’adolescence

Puis vint la période fatidique de l’adolescence. Que de changements en si peu de temps et que de tracas pour mes parents qui devaient faire face à la musique. Des changements qui m’amenèrent à regarder mes copines de classe avec un regard plus viril, à vouloir plaire, à me soucier de mon apparence et les hormones sexuelles aidant, à passer plus de temps dans le bain. Ne me demandez pas comment je réussissais à le faire sans avoir de mains. Cela ne regarde que moi. Il va sans dire que les fréquentes hospitalisations dans les centres spécialisés de Montréal ont quelque peu freiné mes ardeurs, d’autant plus qu’à mon retour, je devais rattraper les jours absents.

Eh oui, j’empruntais certaines revues que l’on qualifierait d’un genre « particulier » que je cachais sous le matelas. Drôle d’idée quand je pense que ma mère, repos à son âme, lavait les draps chaque semaine. Ce qui devait arriver arriva! Elle les découvrit. Je m’attendais à des réprimandes, mais au lieu de cela, elle comprenait très bien que je devenais un homme avec tout ce que cela incluait. Après tout, ces revues étaient loin de ce que nous pouvons retrouver sur le web. Qui plus est! La beauté de ces femmes était un attrait remarquable, lequel est encore assez important à mes yeux. J’en ai tout de même le droit.

En général, mon adolescence se passa de manière convenable et sans trop de remous. Il est vrai que ma réalité était quelque peu différente de la majorité de mes amis, lire les articles en annexe, mais je n’ose pas me plaindre puisque j’étais accepté parmi eux comme leur égal. Par exemple, nous allions au cinéma, nous fréquentions les mêmes restaurants et, finalement, nous participions aux soirées organisées par les responsables des activités sociales de notre école secondaire, l’équivalent du lycée en France. J’avais déjà une « petite amie » d’adolescence pendant quelques mois. Était-ce vraiment sérieux? Je ne peux répondre, car l’adolescence comporte bien des zones grises et des périodes de remise en question. J’ai tout de même eu la chance de discuter à quelques reprises avec elle sur Facebook.

Elle m’avait avoué qu’elle ne m’avait jamais oublié d’autant plus qu’elle avait eu un enfant, son seul garçon d’une famille de 4 enfants, qui était atteint d’un handicap sévère. Elle pensa souvent à mes parents et à moi pour se remonter le moral en particulier à l’occasion de son décès à l’âge de huit ans. Son aveu m’avait quelque peu mis mal à l’aise, car, d’un côté, j’étais à la fois heureux qu’elle pensât à moi après toutes ces années, mais, d’un autre côté, j’étais peiné d’apprendre que son fils était handicapé. Je peux aisément imaginer son parcours en tant que parent lorsque je me remémore celui des miens. Cependant, vu nos divergences de vision de la vie, nous dûmes mettre un terme à notre relation sur ce réseau social.

Des questions qui méritent des réponses adéquates!

Revenons au sujet: « Et, ma sexualité dans tout çà? » Je vais être franc avec vous. J’aime beaucoup la sexualité du fait de son côté charnel qui touche très souvent les interdits prohibés par la majorité

La beauté à l'état pur.
La beauté à l’état pur.

des religions tandis que son côté romantique nous différencie des animaux. Ici, l’essentiel est de trouver un juste milieu entre ces deux aspects de la sexualité. En ce qui me concerne, j’ai dû faire face à des questions indiscrètes en certaines occasions. J’ai accepté de répondre à plusieurs d’entre elles afin de mettre les choses au clair tout en évitant dans la mesure du possible de verser dans la vulgarité.

Les voici:

  1. Quelle est mon orientation sexuelle? Pleinement hétérosexuel!
  2. Suis-je capable de me masturber malgré l’absence de mains? Oui, mais je refuse d’en dire plus pour éviter tout débordement inadéquat.
  3. Suis-je apte à pratiquer l’ensemble des positions sexuelles de manières satisfaisantes tant pour mes partenaires que pour moi-même? Bien sûr que si!
  4. À quel âge ai-je eu ma première relation sexuelle? 22 ans. Oui, je le sais, c’est un peu tard. Mais, il faut tenir compte de mon expérience de vie assez particulière.
  5. Quel type de beauté féminine qui m’attire le plus? Je dirais que cela dépend du sentiment dans lequel je me trouve.
  6. Quels sont mes attributs sexuels? Sexe circoncis et de proportion fort respectable en érection.
  7. Est-ce un avantage d’être circoncis dans ma situation? Je répond que le plus grand avantage consiste à une meilleure hygiène intime.
  8. Suis-je capable d’avoir des érections? Oui, et j’en suis très heureux.
  9. Quelles sont mes positions préférées? Cela varie de la situation et de la partenaire avec qui je suis.
  10. Quels sont mes plus beaux moments? Ceux vécus avec tendresse, passion et avec beaucoup d’amour.
  11. Quels sont les commentaires qui m’ont fait le plus plaisir? Le premier est : « Wow, mon Rolland! La nature a compensé ce que la Thalidomide t’a enlevé. » Le second est : « En tout cas, tu n’es vraiment pas handicapé du manche. » Ce dernier commentaire fort élogieux à mon endroit m’a été dit par une jeune et jolie dame originaire de la belle ville de Rimouski. Elle ressemblait beaucoup à celle que vous pouvez voir sur la photo ci-jointe. Oui, oui, oui, je le sais. J’ai de la chance. Ceci démontre bien que ma virilité n’a pas été affectée par mon handicap physique.
  12. Et, la question qui tue : « As-tu déjà pensé à fréquenter une femme handicapée? » Cette question est d’une absurdité grotesque, car le handicap occupe une place minime dans ma vie émotive. C’est, pardonnez ma comparaison boiteuse, un peu comme si l’on proposait à un homme de race noire de fréquenter une de femme également de race noire sous le motif qu’ils sont tous les deux des gens de couleurs. (Le fait d’utiliser le terme de « race » à propos de personnes m’horripile au plus haut point. Il s’agit d’êtres humains et non d’animaux.)
La beauté est une grâce divine pour la personne qui la possède.
La beauté est une grâce divine pour la personne qui la possède.

Je pourrais allonger presque indéfiniment cette liste tellement l’on m’en a dit au cours de ma vie. Des questions qui, parfois, dépassent l’entendement et, par le fait même, il est préférable de passer outre. Leur donner de l’attention serait une perte totale de temps. Non merci, très peu pour moi. Par contre, je trouvais utile de répondre à celles mentionnées plus haut advenant le cas où des parents d’enfants handicapés auraient des appréhensions quant à l’avenir de leurs progénitures. Ce qui est tout à fait normal dans ces circonstances. De ce fait, garder le silence ne ferait que renforcer les tabous sociaux.

Oui, j’ai eu une vie sexuelle très active durant une période assez longue et dans laquelle j’avais décidé de vivre ma vie selon mes valeurs, selon mes besoins et, surtout, de m’abstenir du « qu’en dira-t-on? » On ne vit qu’une fois et c’est justement cette unicité qui la rend si précieuse. Par conséquent, c’est à chacun d’entre nous de s’imposer ses limites afin de ne pas mettre en péril sa qualité. Mais, qu’en est-il en ce moment? Comment entrevois-je mon avenir amoureux et sexuel? Ai-je une quelconque crainte de finir mes jours dans la solitude? Ce sont là des questions qui méritent des réponses franches et sans ambiguïté. Je vous remercie de poursuivre votre lecture en espérant, bien entendu, que vous ayez un maximum de plaisir à le faire.

Et, maintenant?

Un grand sage a dit : « Il est inutile de s’en faire pour notre avenir car tout peut arriver. » Bien entendu qu’il est impératif de voir à notre confort matériel, à notre santé et  d’être capable de satisfaire à nos besoins essentiels. C’est un principe de logique pure. Pour le reste, tout est possible pour la simple raison que la vie nous réserve parfois des surprises en tout genre.

Pour ma part, et puisque je ne peux pas parler pour les autres, je vis très bien mon célibat actuel. Non pas que je suis réfractaire à l’idée de nouer

La route de la vie est remplie de surprises.

une relation intime, mais tout simplement parce que je suis heureux dans ma situation. De beaux projets sont en voie de réalisation, ma liberté me procure une grande satisfaction et, enfin, mes relations amicales me comblent. Que puis-je vouloir de plus?!

Évidemment que je ressens parfois une certaine crainte de finir mes jours dans la solitude la plus totale. Une crainte qui est alimentée par les nombreux reportages télévisés et journalistiques. Ce à quoi j’ai mis un frein définitif pour le simple motif que nul ne peut savoir quand et comment sa vie se terminera. Je me souviens de mon accident du 20 janvier 2007. Pourtant, je me dépêchais d’aller prendre mon repas du soir afin de commencer mes travaux de session universitaire le plus tôt possible. Rien ne laissait présager qu’une voiture allait me frapper de plein fouet dans les instants suivants. Ma vie aurait pu se terminer là ou bien poursuivre une tout autre route. Comme quoi notre destin ne tient qu’à un fil bien mince. N’est-ce pas?!

Et, qu’en est-il de ma sexualité? À vrai dire, je suis dans une période de repos et de ressourcements spirituels, lesquels sont propices à une réflexion non seulement sur ce que je suis, mais aussi sur ce que je peux ou non offrir à une partenaire éventuelle. Des questions dont les réponses sont presque aussi nombreuses que les grains de sable d’une plage en pleine saison estivale. Cependant, il y a une idée qui me vient en mémoire, et qui m’amuse beaucoup et qui se rapporte à un commentaire qu’une de mes amies de Québec me fit voilà quelques mois. Un commentaire simple, mais qui vise exactement ce que je recherche comme partenaire féminin.Une partenaire qui serait prête à accepter ma philosophie de vie et ma manière d’être. D’ici à ce que cela arrive, j’arrange ma vie pour qu’elle me soit la plus agréable qui soit.

Conclusion

La sexualité des personnes handicapées sera toujours un sujet tabou au sein d’une société où le critère de la perfection reste un pôle d’attraction majeure dans les relations intimes ou, à tout le moins amicales. C’est un fait! La beauté attire les regards. Je n’ose lancer la pierre à qui que ce soit, car, moi-même, j’agis de la sorte. Agir ainsi serait le comble de l’hypocrisie.

Toutefois, il m’a paru plus que nécessaire de développer sur le thème de la sexualité avec une vision bien personnelle. Oui, j’ai répondu à des questions que l’on est peu habitué de voir publiées sur le web. Oui, j’ai aussi partagé des expériences au risque d’en choquer plusieurs d’entre vous. Oui, j’ai été d’une grande franchise. Mais, j’ai pris grand soin d’utiliser les mots appropriés et d’éviter une quelconque vulgarité.

Les tabous, et les préjugés qui s’y rattachent doivent être affrontés de la manière la plus saine qui soit afin de les détruire le plus efficacement possible.

Il en va de notre intérêt.

Votre humble serviteur

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada 

Lien: https://vieetfantasmes.wordpress.com/?s=mon+opinion+sur+les+assistants+sexuels

P.S. C’est un sujet assez délicat, mais il est primordial d’en parler si on veut faire avancer les mentalités. Il y a aussi le fait que je me mettais dans la peau des parents d’un enfant handicapé qui entrait dans la fameuse période de l’adolescence. Il y a bien des questions et des appréhensions de leurs parts envers cet enfant. Je suis persuadé que cet article va en aider plusieurs qui le liront car j’y amène un point de vue de celui qui est de l’autre côté de la clôture.

L’essentiel dans ledit article, c’est d’avoir évité toute vulgarité dans les mots, les termes et les expressions utilisés. J’ai dit les choses comme elles le sont avec un respect total.